Canicule sur les chantiers: les Communes doivent faire preuve de flexibilité, les riverains et maîtres d’ouvrage de compréhension

photo

La nouvelle vague de chaleur que le canton de Vaud traverse actuellement appelle à marteler les bonnes pratiques et lister les nombreuses mesures mises en place pour protéger les travailleurs en cas de canicule.

Si des mesures techniques, organisationnelles existent et que des soutiens financiers permettent, dans certains cas, la fermeture des chantiers moyennant une perte sèche pour l’entrepreneur, une mesure simple se heurte trop souvent à la rigidité de certaines communes et aux levées de boucliers de riverains. La Fédération vaudoise des entrepreneurs demande aux communes davantage de souplesse dans l’octroi de dérogation d’horaires en cas de fortes chaleurs, à la population davantage de compréhension quant au bruit potentiellement occasionné de bon matin et aux maitres d’ouvrage de la tolérance quant aux pénalités de retard en cas de canicule.

Il est du devoir général de l’employeur de préserver la santé physique et psychique des travailleurs. Nos entrepreneurs en sont conscients et sont attentifs à la santé de leurs équipes hiver comme été. Ils mettent d’ailleurs tout en œuvre pour les protéger durant la vague de chaleur actuelle. Dans ce contexte, nos entrepreneurs suivent les règles de base suivantes et rappellent à leurs équipes les bonnes pratiques et les mesures techniques et organisationnelles visant à éviter les heures les plus chaudes ou différer le travail en atelier : 

1. Mesures de protection des travailleurs  

  • Éviter le plus possible l’exposition au rayonnement solaire et se protéger (lunettes de soleil anti UV, couvre-chef, crème solaire, vêtements couvrants) 
  • S’hydrater suffisamment et régulièrement ; ne pas attendre d’avoir soif. Boire entre 3 et 6 litres d’eau par jour de forte chaleur. 
  •  Au moindre symptôme de trouble, cesser immédiatement son activité et marquer une pause à l’ombre, si possible sous surveillance pour intervenir en cas de besoin. 

2. Mesures techniques et organisationnelles  

  • Mobilité des équipes : travail en atelier, ou déplacement sur des chantiers en intérieur 
  • Décalage de l’horaire : commencer le travail plus tôt, dès 6h (voire 5h lorsque cela est possible dans certaines communes), et privilégier les travaux lourds le matin 

3. Mesures supplémentaires observées sur les chantiers  

Nombreuses sont les entreprises qui fournissent, en plus des points d’eau potable habituels, des bouteilles d’eau, voire des habits « climatisés » restituant de la fraicheur. Il s’agit de vêtements que l’on trempe quelques minutes dans l’eau. Cette dernière est absorbée et restitue ainsi la fraicheur durant quelques heures. D’autres mesures de confort ont été observées, comme des containers climatisés munis de frigos.  

4. Mesure de suspension de chantier et soutien financier partiel

Loi sur le chômage. Si le critère de canicule est atteint (33°C et plus), que le travail ne peut pas être adapté (mesures techniques et organisationnelles ci-dessus) et que l’interruption de travail dure 4 demi-journées (tranches de 4h), la caisse cantonale de chômage entre en matière pour indemniser les travailleurs à hauteur de 80% de leur salaire. Dans ce cas, l’employeur peut organiser la suspension du travail.  

Fonds de prévention paritaire IVC 

  • Jours de carence et complément de revenu. Si la caisse chômage entre en matière, le Fonds de prévention santé et sécurité de l’Industrie Vaudoise de la Construction, géré paritairement, prend en charge les jours de carences. En d’autres termes, le fond indemnise l’interruption de travail si elle devait durer moins de 4 demi-journées comme le stipule la loi sur le chômage (LACI). De plus, le fonds complète le salaire des travailleurs jusqu’à concurrence du revenu minimum de la classe salariale. Dans les faits, l’entrepeneur vaudois du gros oeuvre rémunère ses employés fréquemment de l’ordre de 15% à 20% de plus que le minimum des classes salariales. Il assume donc la perte sèche pour que l’employé touche son salaire complet même en cas de canicule. 
  • Cas de rigueur. Syndicats et patronats se sont accordés pour faire entrer la vague actuelle de chaleur dans les « cas de rigueur ». Cela signifie qu’une demande simplifiée peut être formulée par les entreprises visant à indemniser les travailleurs qui ne rentrent pas dans les exigences LACI (c’est-à-dire moins de 4h par jours, et moins de 4 demi journées sur la période). Cette mesure exceptionnelle s’applique aussi aux entreprises des groupes métiers ne bénéficiant pas de l’indemnité intempérie de l’assurance chômage. Seule condition, elles doivent cotiser aux Institutions sociales de l’industrie vaudoise de la construction (ISIVC) de la Fédération vaudoise des entrepreneurs. 

Malgré toutes ces mesures visant à protéger les équipes et différer le travail lors de périodes moins chaudes, les entrepreneurs se heurtent encore trop souvent au refus de certaines communes d’autoriser le travail dès 6h du matin et aux pénalités de retard des maîtres d’ouvrage. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle:

la Fédération vaudoise des entrepreneurs demande aux Communes davantage de souplesse lors de demandes de dérogation des heures de travail, aux riverains davantage de compréhension s’agissant du bruit possible de bon matin et aux maitres d’ouvrage de la tolérance quant aux pénalités de retard en cas de canicule.