Durabilité sur les chantiers : prix et volonté du maître d’ouvrage demeurent des freins

photo

Dans un contexte d’insécurité énergétique, une enquête auprès des coopérateurs de la Fédération vaudoise des entrepreneurs révèle que la nécessité de prendre un virage énergétique et écologique dans l’entreprise et sur les chantiers est prise au sérieux. Mais sur le terrain, les coûts, les normes et la volonté du maître d’ouvrage constituent encore des freins majeurs.

Face aux défis climatiques, les métiers de la construction ont un rôle décisif que ce soit dans le cadre de la rénovation énergétique des bâtiments, de la réalisation d’infrastructures ou l’utilisation de nouveaux matériaux moins énergivores ou émetteurs de CO2.  Dans ce contexte et celui des prémices d’une crise énergétique majeure, la Fédération vaudoise des entrepreneurs a souhaité esquisser la vision et les attentes des entrepreneurs en matière de durabilité sur les chantiers, dans leur entreprise et les obstacles auxquels ils sont confrontés. C’est pourquoi, une étude a été réalisée cet été par MIS Trend auprès d’un échantillon représentatif de l’ensemble des coopérateurs de la Fédération vaudoise des entrepreneurs. La grande majorité des entreprises, soit 77%, sont de dimension modeste, avec un effectif de 1 à 5 employés. Les entités de 6 à 50 employés représentent 21% de l’effectif et celles de plus de 50 à plus de 100 employés restent très largement minoritaires, à 2% du total. Les résultats ont été pondérés. 

Des économies d’énergie en entreprise
Sensible à la problématique énergétique, la majorité des entreprises annonce avoir mis en place des mesures d’économie d’électricité ou d’énergie avant la période d’incertitude actuelle. Ce taux s’élève même à 65% pour les entreprises de plus de 5 personnes. Ces mesures représentent un investissement non négligeable notamment pour les entreprises de moins de 5 personnes qui articulent un montant moyen dépassant les CHF 100’000.-. Parmi les mesures phares d’économie d’énergie, caracolent en tête la pose de panneaux solaires photovoltaïques, l’isolation des façades et les plans de mobilité (car sharing, convention avec les transports publics, navette d’entreprise). A l’inverse, les entreprises qui n’auraient pas entrepris de démarches visant une économie d’énergie, évoquent, comme principal obstacle, notamment leur statut de locataires les privant de moyens d’action sur les locaux qu’ils occupent.

Réduction de la dépendance aux énergies fossiles
Si seuls 2% des répondants pensent que l’écologie n’a pas sa place sur les chantiers, la dépendance aux énergies fossiles demeure le point noir en ce qui concerne le transport du personnel et des matériaux. En effet, on ne remplace pas une flotte de véhicule encore opérationnelle et l’offre de véhicules et d’engins de chantier plus écologiques sur le marché est actuellement insuffisante. Malgré ce contexte défavorable, il faut tout de même souligner que près d’un tiers des PME réduit l’utilisation des énergies fossiles, et 10% les ont totalement supprimées. Parmi les mesures faisables, les entrepreneurs évoquent l’optimisation de la mobilité et de l’éclairage (LED), le matériel portatif excluant le diesel et les nouveaux matériaux moins gourmands en énergie. En filigrane de ces constats, les circuits courts (approvisionnement en matériau local et le recours aux entreprises de la région) sont une évidence dans les activités des entrepreneurs. Enfin, la majorité des entrepreneurs déclare former son personnel aux modalités écologiques des chantiers, cette part s’élève même à 65% chez les entreprises de plus de 5 personnes.

Le prix et la volonté du maître d’ouvrage au cœur du problème
Si la circularité sur les chantiers semble encore timide, près des deux tiers des répondants sont favorables aux mesures de réemploi. Le réemploi dépend évidemment du secteur d’activité (il est difficile de réutiliser du carrelage ou de la peinture), mais près de six entrepreneurs sur dix déclarent qu’il est possible d’intégrer des mesures de réemploi et d’utiliser de nouveaux matériaux. Il reste que ces choix sont toujours dépendants de facteurs extérieurs : le réemploi allonge les délais, ne répond pas forcément aux exigences des normes en vigueur et peut avoir une incidence sur les coûts. En outre, des questions cruciales de garanties se posent. Parmi les entreprises réfractaires au réemploi, les obstacles se cristallisent autour des questions de hausse de prix (12%), de baisse de compétitivité par rapports aux concurrents (28%) ou du faible intérêt du client pour des solutions écologiques (43%).  Par ailleurs, il faut souligner que ces dernières dépendent de la volonté du maître d’ouvrage et doivent être choisies en amont, soit durant la phase de l’avant-projet. On constate qu’il est encore rare que des mesures écologiques soient imposées par la direction du chantier (8%). Ces éléments démontrent que la question de la circularité sur les chantiers dépasse nettement le seul cercle des entreprises de la construction – c’est devenu un choix de société – mais également que la mise en pratique du principe ne peut aller sans un aménagement du cadre légal et une révision des normes constructives.

Contact média
Nicolas Tripet
Chef du Service communication et porte-parole
Téléchargements
Schémas (ZIP)

La reproduction de nos articles est soumise à autorisation. Dans tous les cas, il s’agit de mentionner la source («Service communication de la Fédération vaudoise des entrepeneurs»), ainsi que la date de parution.