La Direction de travaux, une fonction à redéfinir

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Si les architectes ont de longue date assumé la direction de travaux, la complexité technique croissante des chantiers et l’intervention de nombreux spécialistes font qu’il devient difficile à un seul intervenant d’endosser le rôle. Un récent débat organisé par la SIA a fait émerger quelques pistes pour que la fonction évolue. Jean-Marc Demierre, président de la Fédération vaudoise des entrepreneurs s’est exprimé au nom des entreprises de la construction.

Le Forum d’architecture à Lausanne accueille régulièrement les Urbanités de la SIA. Le débat du 7 septembre dernier avait pour thème «DT, mon amour ! Je t’aime, moi non plus». DT pour Direction des Travaux, une fonction essentielle dans le suivi des chantiers, que les architectes ont coutume d’assumer et dont le rôle central leur incombe encore, si l’on en croit la présidente de la SIA Vaud, Christiane Von Roten. Cependant, Astrid Dettling, architecte, se dit prête à le partager avec des bureaux spécialisés, évoquant sa récente collaboration avec le bureau Pragma. Mathieu Troillet qui représente ce dernier dans le débat, met en avant, pour sa part, une recherche de consensus de plus en plus complexe entre les différents acteurs, ce qui peut devenir pénible sur le plan humain.

On peut ainsi comprendre la position des maîtres d’ouvrage, défendue en l’occurrence par Claudine Wyssa, présidente de l’Union des communes vaudoise et syndique de la commune de Bussigny. L’élue explique la prédilection des communes à travailler avec des entreprises générales afin de s’assurer que les délais et les prix seront respectés, ce qu’attendent les contribuables. En outre, le cadre légal ajoute à la complexité de la tâche.

De son côté, Jean-Marc Demierre souligne le peu de temps dont disposent les entreprises pour se familiariser avec le projet et dit combien le rôle de la DT est essentiel dans les relations entre l’architecte et celles-ci. Esquisse d’une piste intéressante, le président de la fédération est très favorable à une implication des entreprises plus en amont dans le processus du projet. Propos sur lesquels rebondit Daniel Zamarbide, professeur à l’EPFL, en ajoutant qu’il faut effectivement «déconstruire les clivages entre les professions et travailler ensemble tout au long du projet.»

Conséquemment, les questions de savoir qui doit endosser le rôle de direction de travaux, comment former ces responsables, et puis comment garantir la qualité, se sont imposées en fin de débat. Il semble qu’il n’existe pas vraiment de modèle et que la gouvernance doive aussi être prise en considération. Néanmoins, il apparaît qu’une simple formation académique ne suffit pas et qu’une expérience confirmée du terrain est utile. Quant à la qualité finale d’un ouvrage, Jean-Marc Demierre est convaincu qu’elle relève de la compétence d’entreprises rétribuées au juste prix pour leur prestations à la hauteur des exigences posées.