
Le 27 juin dernier, la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE) organisait au SwissTech Convention Center de Lausanne sa Journée de la construction intitulée « La construction s’y connaît en crise ». Dans ce haut lieu académique, le monde de la construction occupait…
Le 27 juin dernier, la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE) organisait au SwissTech Convention Center de Lausanne sa Journée de la construction intitulée « La construction s’y connaît en crise ». Dans ce haut lieu académique, le monde de la construction occupait le devant de la scène et si la journée a largement été consacrée au réseautage entre entreprises de la construction et leurs partenaires a également offert une tribune aux principaux acteurs du secteur, avec des interventions de Gian-Luca Lardi (président central de la SSE), JeanLuc Jaquier (président du Groupe vaudois des entreprises de maçonnerie de génie civil), Michel Ducommun (président de la FVE) et la conseillère d’État Isabelle Moret.
Le béton face aux enjeux de demain
En ouverture de la matinée, Gian-Luca Lardi, président central de la SSE, a souhaité la bienvenue aux participants en saluant le dynamisme de la région lausannoise, capitale olympique incarnant des valeurs d’ouverture, d’équité et d’échange. « Des valeurs qui sont aussi celles de cette journée que nous passerons ensemble », a-t-il souligné. Il a rappelé l’importance d’un dialogue constant entre milieux professionnels et politiques, dans un esprit de co-construction, avant de passer la parole à Jean-Luc Jaquier. Le président de la section vaudoise du gros œuvre a quant à lui salué l’engagement de la Fédération vaudoise des entrepreneurs et son importance pour l’économie cantonale, avec ses 2800 entreprises membres, représentant 8 groupe métiers dont 610 actives dans le gros œuvre. Il a évoqué les outils mis à disposition de la branche — école de formation, caisse de retraite — et mis en avant la nouvelle formation « Génération Z », pensée pour les apprentis maçons et qui combine périodes de vacances adaptées, autoformation et intelligence artificielle. « Ce modèle, pensé pour répondre aux défis d’aujourd’hui et aux réalités de demain, doit être porté avec fierté par notre profession. » Il a également attiré l’attention sur la votation de septembre prochain, l’initiative « Sauvons le Mormont », qui pourrait restreindre l’accès aux ressources nécessaires à la production de béton. « Ce qui se passe aujourd’hui dans le canton de Vaud pourrait demain concerner l’ensemble de notre pays. Soyons donc vigilants et solidaires pour défendre une image responsable, innovante et engagée. »
Des entrepreneurs programmés pour faire face aux crises
Parmi les intervenants de l’après-midi, Michel Ducommun, président de la FVE, a fait écho au thème de la journée en l’ancrant dans le quotidien des entreprises : « Nous sommes programmés pour faire face aux crises », a-t-il affirmé. Citant Churchill, il a ajouté : « Il ne faut pas gaspiller une bonne crise » — autrement dit, ne pas laisser passer une occasion de s’améliorer. Face à l’assemblée, il a également posé la question : « Sommes-nous capables de faire face à la crise avec des entrepreneurs comme vous ? Oui ! Et mieux encore : il faut avancer, transformer, innover, continuer à bâtir, être résilients. Nous sommes des bâtisseurs de transition » a-t-il relevé, soulignant le rôle actif du secteur dans la rénovation énergétique ou les pratiques durables. Il a rappelé l’importance d’un engagement public-privé, en citant le programme de formation professionnelle pour migrants, porté par la FVE en partenariat avec l’État de Vaud, reconduit pour 2025. Et de conclure par un appel direct aux autorités politiques : « Le secteur de la construction peut gérer les crises parce qu’il est enraciné dans le réel, parce qu’il avance avec méthode et courage, parce qu’il ne se contente pas de bâtir des murs : il érige des ponts. Nous appelons les décideurs à nous faire confiance. Maintenez des conditions cadres favorables à l’innovation et à la créativité. »
Un État partenaire et accompagnateur de transition
Prenant la parole juste après M. Ducommun, la conseillère d’État Isabelle Moret, a elle aussi salué la qualité du partenariat entre son Département (de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine, ndlr) et la FVE, avant de poursuivre en rappelant que « les métiers de la construction, c’est un emploi sur vingt-sept dans le canton de Vaud », non sans oublier les défis de durabilité. Le canton entend d’ailleurs montrer l’exemple : « Chaque année, nous consacrons 25 millions à l’entretien de notre parc immobilier (1300 bâtiments) et investissons plus de 100 millions dans son évolution. C’est un levier, une réponse aux attentes d’une société qui veut concilier bien-être, cohérence budgétaire et durabilité. » Elle a également mis en lumière le rôle stratégique du Centre de compétences pour la durabilité dans la construction, ce dispositif porté par ConstructionVaud et soutenu par le canton, qui vise à accompagner la branche vers des pratiques plus sobres, via la formation, l’innovation et la sensibilisation. « Cette logique de partenariat public-privé est notre force. Elle structure notre action dans plusieurs secteurs clés » a-t-elle insisté.
Une branche prête à relever les défis
À mi-chemin entre réseautage institutionnel et réflexion stratégique, cette journée a permis aux entreprises du gros œuvre de rappeler leur place dans l’économie vaudoise et nationale, leur capacité de résilience, mais aussi les attentes fortes à leur égard en matière écologique et sociétale. La transformation du secteur ne se joue pas seulement sur les chantiers, mais aussi dans les partenariats politiques, les offres de formation, l’organisation des filières et la transition énergétique, autant d’espaces où s’incarne l’avenir de la construction.